Les ministres de la Justice réunis à la veille de Villes contre la peine de mort

Abolition

Publié par Elizabeth Zitrin (vice-présidente de la Coalition mondiale), à Rome, le 1 décembre 2013

La Communauté Sant’Egidio a organisé le 8e Congrès international des ministres de la Justice le 29 novembre à Rome sur le thème « Pas de justice sans la vie ».
L’événement a lieu chaque année à la veille de la journée internationale "Villes pour la vie – Villes contre la peine de mort".
Marco Impagliazzo a présidé la session publique du congrès. Il est président de la Communauté de Sant’Egidio, une organisation fondatrice de la Coalition mondiale. Les ministres ont ensuite participé à une session fermée.
Le congrès a réuni 22 ministres de la Justice d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe ainsi que d’autres dirigeants. Parmi les officiels italiens venus les accueillir, on trouvait le président du Sénat Pietro Grasso et le maire de Rome, Ignazio Marino.
Le maire est un chirurgien spécialisé dans les greffes d’organes et il a particulièrement dénoncé la pratique chinoise qui consiste à exécuter les condamnés d’une balle dans la nuque et à laisser leur cœur battre afin de vendre leurs organes pour des transplantations.
Citant le pape François, il a appelé les congressistes à « s’insurger contre la mondialisation de l’indifférence ».

L’Europe salue l’Afrique

Le représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’Homme Stavros Lambrinidis, a affiché la « position de principe » de l’UE contre la peine de mort. Il est également revenu sur les progrès accomplis depuis 20 ans en matière d’abolition et de moratoires.
Lambrinidis a insisté sur l’importance de programmes globaux, régionaux et bilatéraux pour rendre la peine de mort aussi inacceptable que la torture. Il a salué le travail accompli par l’Union africaine, soulignant que la plupart des moratoires sur la peine capitale sont en vigueur en Afrique. Il a estimé que l’Afrique pourrait devenir le deuxième continent sans peine de mort après l’Europe.
Le ministre de la Justice du Sénégal, Sidiki Kaba, figurait parmi les nombreux orateurs qui ont exprimé le fil directeur de la journée selon lequel « la peine capitale est une injustice capitale » et une justice qui tue ne peut être qu’une injustice.
Ces thèmes ont également figuré dans les interventions de Mario Giro, secrétaire d’État aux Affaires étrangères d’Italie ; Fernando Ferraro, ministre de la Justice du Costa Rica ; Benjamin Abalos, Jr., maire de Mandaluyong au Philippines ; et Sigfrido Reyes Morales, président de l’Assemblée législative du Salvador, qui a remis un prix à la Communauté Sant’Egidio en reconnaissances des décennies de travail accomplies dans ce pays.
Federico Mayor, président de la Commission internationale contre la peine de mort, a cité le travail important des organisations internationales comme de celles de la société civile, notamment la Communauté Sant’Egidio, l’Union africaine et la Coalition mondiale, et il a évoqué aussi bien les progrès en Amérique latine que les difficultés en Chine.

Une stratégie suisse « audacieuse »

L’ambassadeur de Suisse Georges Martin a qualifié de « stratégie audacieuse » la détermination de son pays à obtenir l’abolition de la peine de mort au niveau mondial d’ici 2025. Lui aussi a mentionné l’importance de la société civile, notamment au moment de la Journée mondiale contre la peine de mort. Il a également souligné l’importance croissante de ce Congrès annuel des ministres de la Justice.
Le président de la Commission des droits de l’Homme de la Chambre des députés italienne, Mario Marazziti, l’un des fondateurs de la Coalition mondiale et des inspirateurs du congrès des ministres et de la journée Villes pour la vie, a déclaré que la peine de mort « n’a jamais réellement fait partie de la nature humaine ». Il a présenté le combat contre la peine de mort comme faisant partie intégrante d’une lutte unique pour la dignité humaine, au même titre que l’opposition à l’esclavage et à la torture.
Elizabeth Zitrin, vice-présidente de la Coalition mondiale siégeant à son comité de pilotage au nom de l’organisation Murder Victims Families for Human Rights, a présenté la Coalition mondiale, ses membres dans toutes les régions du monde et les campagnes ainsi que le soutien mutuel qu’elle assure. Elle a par exemple cité le travail de Reprieve pour la défense de l’Italien Anthony Farina, condamné à mort aux États-Unis, et l’avancée des efforts vers l’abolition aux États-Unis, notamment dans son État d’origine, la Californie.

Participation de militants du Belarus à l’Afghanistan

Le défenseur des droits de l’Homme biélorusse Andreï Paluda, venu du dernier pays d’Europe à avoir recours à la peine de mort, a décrit le secret qui entoure les exécutions et l’impossibilité de connaître jusqu’au nombre de condamnés mis à mort.
Paluda a décrit le dilemme des condamnés à mort, entre « l’espoir de continuer à vivre et le besoin de se préparer à mourir ». Du fait que les condamnés à mort sont enterrés dans des tombes non-identifiées, de nombreux prisonniers se suicident – parfois avec l’aide d’autres prisonniers ou même de leurs gardiens – afin que leurs corps soient rendus à leur familles.
Plusieurs participants ont souligné le rôle clé des femmes dans les efforts abolitionnistes. La présence et l’exposé de Shukria Barakzai l’ont souligné. Cette journaliste et féministe musulmane est membre de la chambre basse du parlement afghan. Elle sera candidate à l’élection présidentielle en Afghanistan en 2014.

> Regarder la session publique du congrès en anglais ou en italien

Catégories

Italie

Plus d'articles