Forte mobilisation en Afrique subsaharienne pour la Journée mondiale

Journée mondiale

Publié par Thalia Gerzso, le 19 octobre 2017

Une forte mobilisation

Pour la Journée mondiale du 10 octobre 2017, une trentaine d’évènements ont été enregistrés en Afrique subsaharienne. Ces évènements furent aussi nombreux que variés. De nombreuses associations telles qu’ACAT Bénin ou Legal Human Rights Center en Tanzanie ont organisé des débats et des panels de discussion afin de favoriser l’échange autour du thème de cette année : pauvreté et peine de mort. Ainsi, la Foundation for Human Rights Initiative a organisé un débat à Kampala, en Ouganda, visant à expliquer pourquoi les personnes pauvres étaient plus susceptibles d’être condamnées à mort et exécutées. Lors d’une conférence d’ACAT Bénin sur la thématique « pauvreté et justice », Valéry Houangni a rappelé pourquoi les personnes venant d’un milieu pauvre avaient difficilement accès à la justice. « Pour se défendre, il faut faire recours au service juridique d’un avocat. L’ouverture de dossier est fixée à 50 000 francs, et l’avocat définit ses honoraires à travers des pourcentages souvent de 10 à 15 %… » a-t-elle déclaré. D’autres organisations ont adapté leurs événements aux besoins de la société civile. Ainsi RACOPEM et l’Association Droit et Paix ont coorganisé au Cameroun un panel de discussion sur l’importance des enquêtes parallèles pour les avocats. Le but était de fournir aux avocats camerounais les outils nécessaires pour permettre une défense adéquate des condamnés à mort suite à la recrudescence des condamnations dans le pays ces dernières années.

Les événements de la Journée mondiale ne se sont pas limités aux conférences et aux panels de discussion. De nombreuses organisations telles que la Communauté de Sant’Egidio, ICJ ou Amnesty International Benin ont rendu visite à des condamnés à morts kenyans et béninois. En Ouganda, les membres de la Foundation for Human Rights Initiative ont passé trois heures avec des condamnés à mort afin de leur témoigner leur soutien et leur rappeler qu’ils n’étaient pas oubliés. En effet, l’un des buts de cette Journée mondiale était de mettre en avant la question de la peine de mort d’une part, et ses conséquences sur les prisonniers et leurs familles d’autre part. Dans cette optique, de nombreuses campagnes de sensibilisation furent organisées partout en Afrique. Ainsi Pax Christi-Uvira a permis la rencontre d’étudiants et d’éducateurs en République Démocratique du Congo. La finalité première était de sensibiliser les jeunes générations à la question de la peine de mort et du système pénal. L’organisme Children Education Society (CHESO) en Tanzanie a également ciblé les enfants et les adolescents avec son exposition « Dessine-moi l’abolition » en partenariat avec ECPM (Ensemble contre la peine de mort). Ainsi, grâce à cette forte mobilisation, l’abolition de la peine de mort était au coeur de l’actualité de cette journée du 10 octobre.

Une couverture médiatique importante

La couverture médiatique des événements était l’un des éléments clefs du succès de cette Journée mondiale. Au Kenya, la chaîne de télévision News Centre a interviewé John Muthuri d’African Prison Project au sujet de la possible nouvelle interprétation de la notion de peine de mort obligatoire par le système judiciaire kenyan. Au Mali et au Benin, les médias nationaux ont suivi les débats organisés par ACAT Mali et ACAT Bénin. Les journaux ont massivement repris les communiqués de presse des divers mouvements abolitionnistes, notamment au Botswana où les mouvements rétentionnistes sont particulièrement forts.  Malgré les disparités judiciaires et politiques, le message était le même : l’abolition complète de la peine de mort, aussi bien en droit qu’en fait. A ce jour, la couverture médiatique africaine des événements de la Journée mondiale représente 18 % de la couverture médiatique mondiale.

Cette forte mobilisation a permis de mettre la question de l’abolition au centre des débats politiques. En Tanzanie, par exemple, le journal The Citizen a titré « La pression monte pour l’abolition de la peine de mort. » En Côte d’Ivoire, le journal Abidjan.net a remis en cause l’inertie du gouvernement concernant la ratification du deuxième Protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à l’abolition de la peine de mort. La mobilisation africaine s’est également fait entendre au-delà du continent africain. En effet, plusieurs ambassades ont répondu présentes à l’appel des organismes locaux.  Ainsi, la Délégation de l’Union européenne en Ouganda s’est jointe à Foundation for Human Rights Initiative à l’occasion de sa visite dans les couloirs de la mort et a délivré un communiqué de presse exhortant à l’abolition de la peine capitale dans le pays. Ce réveil des consciences a encouragé les abolitionnistes africains à aller plus loin dans leur mobilisation afin d’obtenir l’abolition de la peine de mort sur tout le continent. 

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