Singapour Exécute des Personnes pour des Crimes Non-violents et Menace leurs Avocats

Asie

Publié par Dinda Royhan, le 19 septembre 2019

Les infractions de trafic de drogue en tête de liste

 
La grande majorité (84%) des exécutions à Singapour sont des infractions liées à la drogue, ce qui représente une augmentation significative du nombre de personnes exécutées depuis 2017. Singapour figure parmi les 35 pays qui maintiennent la peine de mort pour des infractions liées à la drogue, Harm Reduction International a déclaré.
 
La loi « Misuse of Drugs Act », récemment modifiée, stipulait que l’accusé pouvait échapper à la peine de mort obligatoire à deux conditions ; s’il joue uniquement un rôle de courrier et s’il fournisse une assistance concrète pour recevoir un certificat de coopération délivré uniquement par les services du cabinet du procureur général. Comme l’a souligné Think Centre, deux facteurs problématiques pourraient réduire considérablement les chances d’obtenir le certificat. Premièrement, lorsque le statut de simple courrier empêche l’accusé de fournir suffisamment d’informations pour pouvoir recevoir le certificat, comme l’illustre le cas de Bill Agbozo, un Ghanéen exécuté à mort en 2018. Deuxièmement, lorsque l’accusé avait un niveau d’intelligence limité et jouait seul le rôle d’un simple courrier, comme dans le cas de Nagaenthran.
 
 « La peine de mort est une peine cruelle, inhumaine et dégradante qui n’a pas sa place dans une société qui se veut fière de sa modernité, de son développement et de sa civilisation, » le Think Centre rappelle. En outre, il n’a jamais été démontré de manière concluante que la peine de mort dissuade le crime plus efficacement que l’emprisonnement à long terme.

Réduction de l’espace civique
 
Le droit à un conseil juridique dans des cas de peine de mort est également menacé. En juillet et en août de cette année, le procureur général de Singapour a menacé Lawyers for Liberty, accusant deux de ses avocats d « allégations scandaleuses contre Singapour et de son système juridique » et d’ « atteinte à l’administration de la justice. »
 
Les avocats, N Surendran et M Ravi, ont agi en qualité de conseil pour des prisonniers malaisiens condamnés à mort pour des infractions liées à la drogue dans le pays voisin, Singapour. Les deux avocats risquent d’être exclus de la pratique juridique. Jolovan Wham, un défenseur des droits de l’homme, s’est retrouvé dans des affaires similaires pour avoir scandalisé le tribunal cette année et l’auteur britannique Alan Shadrake à cause de la publication d’un livre sur la peine de mort en 2010.
 
L’effort croissant pour réduire au silence les défenseurs des droits de l’homme locaux et étrangers sont alarmants pour l’espace civique à Singapour. Une étude récente montre que seuls 38% des Singapouriens ont connaissance de la peine de mort et que seulement 3 personnes sur 10 qui sont en faveur de la peine de mort obligatoire conservent toujours leur soutien après des scénarios réalistes de trafic de drogue.
 
Ainsi, maintenir un vaste espace civique où les gens pourraient partager et obtenir des connaissances, plaider en faveur de l’abolition, et exiger une plus grande transparence est une étape nécessaire pour que Singapour rejoint la tendance mondiale à l’abolition.

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