Arabie Saoudite : pourquoi les étrangers y perdent-ils la tête ?

MENA

le 26 mars 2008

L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) et Ensemble Contre la Peine de Mort (ECPM), membres de la Coalition mondiale, viennent de lancer une campagne contre la peine de mort en Arabie Saoudite.
Cette campagne intitulée « Arabie Saoudite : pourquoi les étrangers y perdent la tête ? » vise à dénoncer l’augmentation des exécutions en Arabie Saoudite depuis le début de l’année. Elle met l’accent notamment sur le fait presque la moitié des exécutions concerne des étrangers (sur 158 personnes exécutées en 2007, 76 étaient étrangères).
Cette situation est illustrée par le cas de Rizana, jeune Sri lankaise de 20 ans, venue travailler en Arabie Saoudite avec des papiers falsifiés alors qu’elle n’avait que 16 ans.
Elle est accusée d’avoir provoqué la mort d’un bébé dont elle avait la garde. D’après elle, l’enfant se serait étouffé en buvant son biberon. Elle avait 17 ans au moment des faits.
Arrêtée en mai 2005, elle n’a eu droit à aucun avocat, ni pendant les interrogatoires, ni lors de son procès. Elle aurait "avoué" le meurtre lors de l’interrogatoire de la police dans une langue qu’elle ne comprenait pas, ainsi qu’en signant un document rédigé dans une langue qu’elle ne pouvait lire.
Condamnée à mort le 16 juin 2007, elle a fait appel. Si la condamnation est confirmée, Rizana sera décapitée… En Arabie Saoudite, les exécutions se font par décapitation au sabre, en public.

Les étrangers plus exposés

La justice saoudienne est particulièrement intransigeante avec les travailleurs étrangers, et notamment avec ceux provenant des pays pauvres du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Asie, qui représentent près d’un quart de la population du pays.
Les ressortissants étrangers sont plus exposés que les Saoudiens à des erreurs judiciaires et à des procès inéquitables. En raison de leurs origines, ils ont peu de chance d’échapper à la peine capitale; ils bénéficient d’une représentation légale et d’une assistance consulaire insuffisantes voire inexistantes, sont privés de tout soutien familial et ne peuvent pas comprendre la teneur des déclarations rédigées en arabe qu’ils doivent signer.
Il arrive que leur condamnation repose uniquement sur des aveux obtenus par la contrainte, la torture ou la ruse. Les procès se déroulent dans le secret, les accusés et leurs proches ne sont pas informés des accusations qui pèsent contre eux ni de l’évolution des procédures les concernant.

La sorcellerie et l’homosexualité passibles de la peine de mort

Les motifs de condamnation à mort sont nombreux en Arabie Saoudite, et ne concernent pas uniquement des crimes mais des faits tels que la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’homosexualité ou l’apostasie (renoncement à l’islam).
L’Arabie Saoudite, pourtant signataire de la Convention sur les droits de l’enfant, continue à condamner et à exécuter des personnes mineures au moment des faits.
Alors que l’Assemblée générale des Nations unies a voté en décembre une résolution appelant à un moratoire universel sur les exécutions, l’ACAT-France et ECPM interpellent les autorités saoudiennes sur cette pratique barbare et lancent un appel pour que la condamnation à mort de Rizana soit commuée, et pour garantir aux accusés un système de justice conforme aux normes et standards internationaux en la matière.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur les sites internet de l’ACAT-France ou d’ECPM
Vous pouvez signer la pétition en cliquant ici.

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