L’initiative d’entreprises responsables sur la peine de mort

Publié par Louis Linel, le 19 juillet 2019

Les entreprises, des actrices du plaidoyer international pour les droits de la personne

L’économie joue un rôle aussi évident que crucial dans la société. Lors des périodes électorales, notamment, les questions d’emploi, de croissance et de stabilité économiques occupent une place de premier rang dans les débats et les discours. Du choix de leur siège social à la nature de leur investissement ou de leurs partenariats, les entreprises font partie intégrante de la vie économique et de ses enjeux sociétaux sous-jacents. Cette influence est parfois considérable, et elle leur assure une position privilégiée pour dialoguer avec les gouvernements y compris ceux des derniers États rétentionnistes. Cependant, elle s’accompagne toujours d’une responsabilité dans leurs choix éthiques qu’elles doivent (re)définir.

Les entreprises ont déjà témoigné de leur engagement en faveur des droits humains et des libertés fondamentales (le président de Levi’s s’est par exemple engagé contre le port d’armes, dans ses boutiques, tandis que Disney a fait pression sur l’État de Géorgie, aux Etats-Unis, lorsque ce dernier s’est engagé à réformer le droit des femmes à l’avortement). Aujourd’hui, leur engagement contre la peine de mort fait partie des principales préoccupations soulevées dans le cadre de leur responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Selon Celia Ouelette, Fondatrice et Directrice de Responsible Businenss Intiative for Justice, il ne s’agit pas d’actions isolées ou temporaires mais d’un véritable « mouvement organique ». De nouveaux liens doivent être encouragés entre les États et le secteur privé, en particulier avec des entreprises soucieuses de défendre les droits humains.

Un réseau d’acteurs pour l’abolition de la peine capitale

Que ce soit via les Chambres de commerce ou de leur relations commerciales à l’étranger, les entreprises, privées ou publiques, constituent un important réseau d’acteurs locaux ou internationaux qui peuvent avoir un rôle à jouer et leur mot à dire en matière de promotion des droits humains.

Certaines sont déjà engagées de longue date, à l’instar des entreprises Lush ou Virgin qui ont honoré le mouvement abolitionniste de leur présence et de leur encouragement lors du 7ème Congrès mondial contre la peine de mort en février 2019 (Bruxelles). Elles ont offert une portée et une visibilité uniques en faveur de l’abolition de la peine de mort en exprimant leur souhait que les systèmes pénaux respectent davantage le droit à la vie.

Un atelier pour renforcer les capacités et les stratégies de mobilisation

Après la présentation de Celia Ouellette, les membres du Comité de pilotage se sont livrés au jeu du brainstorming pour stimuler la réflexion collective sur les nouvelles stratégies à adopter au côté de ces nouveaux acteurs : syndicats d’employés ou d’employeurs, presse spécialisée, fondation d’entreprises, réseaux d’entrepreneurs ou de philanthropes, associations de consommateur, entreprises issues du secteur du tourisme (en référence aux campagnes menées auprès du Sultanat de Brunei qui souhaitait rétablir la peine de mort pour les relations entre personnes de mêmes sexe) ou même les écoles de commerce (en charge de former les « entrepreneurs de demain »).

Selon Celia Oulette, un tel dialogue suppose d’être tripartite : il doit inclure les militants et militantes abolitionnistes, les entreprises engagées en matière de RSE et les États. Il s’inscrit, avant tout, dans un mouvement global en faveur d’une société plus juste, en lien notamment avec l’Objectif de Développement Durable 16, sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives et l’accès de tous à la justice.

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