En route vers l’abolition dans le monde arabe

MENA

Protocole

le 8 octobre 2010

La Coalition a présenté la version actualisée de son rapport intitulé « La lutte contre la peine de mort dans le monde arabe » lors de la conférence organisée par Penal Reform International (PRI), l’Institut suédois d’Alexandrie et le Centre arabe pour l’indépendance des professions judiciaires et juridiques.
La conférence, consacrée au thème de la peine de mort dans la région, faisait suite aux recommandations formulées pendant la première conférence d’Alexandrie en mai 2008.
« Nous devons nous demander pourquoi, malgré l’essor important du mouvement abolitionniste dans la région, aucun progrès n’a été accompli depuis 2008 », a déclaré Taghreed Jaber, directrice régionale de PRI lors de son discours d’ouverture. Elle s’adressait aux membres des ONG et des organisations internationales présents pour les deux jours de la conférence.

Deux facteurs-clés : l’opinion publique et la religion

Les discussions ont souligné la nécessité d’engager un débat plus ouvert avec les chefs religieux et les théologiens de l’Islam. « L’Islam est un message de vie », a déclaré Mohammad Habash, un théologien syrien. Il a indiqué que la loi islamique (ou Charia) ne prévoit qu’un nombre très limité de délits passibles de la peine de mort. Ces délits doivent en outre être commis dans des circonstances très spécifiques, mais ce principe n’est pas respecté à l’heure actuelle. Au Yémen par exemple, seulement 2 % des condamnations à mort prononcées relèvent véritablement de la loi islamique.
Lors d’une discussion sur le poids du lobbying auprès des parlementaires, les représentants de la Turquie et de Djibouti, deux pays abolitionnistes à majorité musulmane, ont indiqué qu’il ne suffit pas de « promulguer une loi. Il faut en effet convaincre l’opinion publique et les citoyens arabes que la peine de mort, même dans le cadre de la loi islamique, n’est ni nécessaire, ni réalisable ».

Instruments et interventions à l’échelle internationale

La Coalition a souligné que l’action internationale peut avoir un effet « à double tranchant » dans le monde arabe en ce sens qu’elle peut susciter des changements très positifs, ou à l’inverse, un retour en arrière. Aussi est-il nécessaire de bien réfléchir avant d’agir, et de n’intervenir qu’en accord avec les acteurs locaux.
Les ONG nationales et internationales collaborent de manière efficace dans trois domaines : le réseautage, le lobbying et le partage d’informations. À ce sujet, Renny Cusing, représentant l’association Murder Victims’ Families for Human Rights a déclaré : « L’opinion générale est que les familles de victimes sont favorables à la peine de mort. Certaines le sont, mais d’autres sont opposées à la peine de mort, et d’autres encore n’ont pas d’opinion précise à ce sujet. »
Des organisations intergouvernementales ont aussi pris part au débat. Le président du groupe de travail sur la peine de mort de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a signalé l’existence d’un projet de protocole à la charte africaine des droits de l’Homme visant l’abolition de la peine de mort.
Selon un représentant de la Ligue des États arabes, « la peine de mort ne s’est pas cristallisée sur une vision unique. Le débat reste ouvert à toutes les opinions et au dialogue ».

Télécharger le rapport de la Coalition mondiale « La lutte contre la peine de mort dans le monde arabe » :
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