Une avocate japonaise indignée par l’exécution sans préavis de son client

Asie

le 23 juin 2008

“Au matin du 17 juin, mon client, Tsutomu Miyazaki, détenu dans le couloir de la mort, a été exécuté dans le Centre de détention de Tokyo sans aucun avertissement préalable, de même que deux autres condamnés, l’un également à Tokyo, l’autre à Osaka. Depuis l’arrivée au pouvoir du ministre de la justice Kunio Hatoyama, des exécutions ont été déplorées tous les deux mois. Il a ainsi exécuté pas moins de 13 condamnés en l’espace de six mois.
Par conséquent, j’étais très inquiète à l’idée que mon client puisse être exécuté de façon imminente. Malade mental, Miyazaki a reçu un traitement médical psychiatrique au centre de détention pendant plus de 10 ans. 
Au cours des sept derniers mois, j’ai préparé un recours en appel pour un nouveau procès ; j’ai pu obtenir son dossier médical auprès des autorités du centre de détention, et demander à un expert de se prononcer sur sa santé mentale. Le 30 mai, j’ai envoyé une lettre au Ministre, expliquant mes démarches et lui demandant de ne pas exécuter mon client.
Je suis maintenant à Taiwan pour rejoindre la campagne initiée par l’Alliance taïwanaise contre la  peine de mort, en collaboration avec Speedy Rice, de la Coalition mondiale contre la peine de mort, et Mark Allison d’Amnesty International.

Le Japon à contre-courant

Bien que j’ignore si le Ministère de la Justice s’en est pris à mon client parce que je suis en ce moment en dehors du pays, il est symbolique qu’il ait été exécuté pendant ma visite à Taiwan, qui applique un moratoire de fait sur les exécutions depuis deux ans et demi. Même la Chine continentale réduit très fortement le nombre de ses exécutions.
Le Japon est presque le seul pays du monde qui, clairement et intentionnellement, va à l’encontre de la tendance mondiale en faveur d’un moratoire et de l’abolition de la peine capitale. 
Le Japon devrait cesser immédiatement les exécutions, et appliquer les recommandations répétées du Comité des Droits de l’Homme des Nations unies, du Comité contre la Torture, du Conseil des Droits de l’Homme et de la résolution votée par l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire sur les exécutions. 
Par la présente, je dénonce avec force l’exécution de ces trois personnes, parmi lesquelles Miyazaki, et j’appelle à une prise de conscience des réalités au Japon, qui est totalement isolé en matière de droits humains.”

Maiko Tagusari
Avocate à la cour
Membre de l’ADPAN
Japon

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