Indignation mondiale après une nouvelle exécution de mineur en Iran

MENA

le 6 mai 2009

Un déluge de critiques s’est abattu sur les autorités Iraniennes depuis que Delara Darabi, 23 ans, a été exécutée illégalement le 1er mai après avoir été reconnue coupable du meurtre d’un cousin lorsqu’elle n’avait que 17 ans.
De nombreux membres de la Coalition mondiale ont dénoncé l’exécution, qui s’est déroulée en secret, en violation des lois iraniennes et internationales.
L’Iran est un Etat partie au Pacte international sur les droits civils et politiques et à la Convention sur les droits de l’enfant. Ces deux textes interdisent formellement d’exécuter des condamnés qui avaient moins de 18 ans au moment de leur crime.
De plus, devant la mobilisation internationale, le responsable du système judiciaire iranien avait accordé à Darabi un sursis de deux mois le 19 avril 2009.

« Un affront abject à la dignité humaine »

« Il semble que le chef du système judiciaire iranien n’a même pas la capacité de contrôler ses propres juges, a déclaré Zama Coursen-Neff, directrice adjointe du service droits de l’enfant à Human Rights Watch. Il s’agit d’une violation outrageuse des lois iraniennes comme du droit international des droits de l’Homme, et d’un affront abject à la dignité humaine. »
Amnesty International a ajouté que l’avocat de Darabi n’a pas été informé de l’exécution, bien que la loi impose un avertissement 48 heures à l’avance. « Cela ressemble fort à une manipulation cynique de la part des autorités pour éviter les manifestations nationales et internationales qui auraient pu sauver la vie de Delera Darabi », a estimé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjoint du programme Afrique du Nord-Moyen Orient de l’ONG.

Aveux retirés et preuves matérielles ignorées

Lorsqu’un cousin du père de Darabi a été assassiné il y a six ans, elle et son petit ami ont convenu qu’elle avouerait le crime car son jeune âge la protégeait légalement de la peine de mort. Lorsqu’il s’est avéré que les tribunaux iraniens ignoraient son statut de mineure, elle est revenue sur ses aveux.
Des preuves matérielles sont depuis venues infirmer la thèse de sa culpabilité, mais les tribunaux ont toujours refusé de les prendre en compte.
Le verdict « a été fondé sur les aveux d’une enfant qui ne connaissait pas ses droits et n’était pas informée des conséquences qu’elle supporterait en s’accusant d’un crime qu’elle n’avait pas commis », a affirmé Nazanin Afshin-Jam, président de Stop Child Executions, une autre organisations membre de la Coalition mondiale.
« Ton départ de ce monde temporaire que nous appelons la Terre a affirmé et renforcé notre combat, non seulement pour obtenir justice pour les 140 enfants qui sont toujours dans les couloirs de la mort en Iran, mais aussi pour les 70 millions de citoyens captifs du pays », a-t-il ajouté dans un appel posthume à Darabi empreint d’émotion.
Dans plusieurs villes du monde, parmi lesquelles Paris, Londres et Berne, des citoyens sont venus déposer des roses et des photos de la jeune femme devant les représentations diplomatiques iraniennes et délivrer des courriers de protestation le mercredi 6 mai.

Pression diplomatique

La présidence tchèque de l’Union européenne a « condamné avec force » l’exécution le 2 mai. « La présidence de l’Union européenne demande urgemment à l’Iran d’éviter toute exécution de mineur et d’éliminer la peine de mort pour les mineurs de son code pénal. De telles violations des droits de l’Homme sapent le terrain de compréhension et de confiance mutuelle entre l’Iran et l’Union européenne », pouvait-on lire dans son communiqué.
Le gouvernement français a suivi peu après, appelant l’Iran a « à établir un moratoire sur les exécutions en vue d’une abolition à terme de la peine de mort ».
L’Iran exécute plus de mineurs que n’importe quel pays au monde. Selon Stop Child Executions, deux autres jeunes sont menacés d’une exécution imminente.
Un récent rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme dénonce la législation opaque de l’Iran sur les exécutions de mineurs et constate : « La pratique habituelle en Iran consiste à garder un mineur reconnu coupable d’un crime passible de la peine capital en prison jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 18 ans, puis de l’exécuter. »
Alors que le monde se prépare à célébrer le 20e anniversaire de la Convention sur les droits de l’enfant, la Coalition mondiale souligne que les exécutions de mineurs en Iran violent régulièrement un traité international ratifié par 193 des 195 Etats-membres des Nations unies.
La Coalition mondiale rappellera l’importance de cette Convention lors de la journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre 2009, dans le cadre de la thématique « Eduquer à l’abolition ».

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