Halte au projet d’exécutions massives dans les prisons irakiennes!

MENA

le 4 janvier 2010

Le gouvernement irakien du premier ministre Nouri Al Maliki (photo) envisagerait, selon plusieurs sources fiables, de « vider » les couloirs de la mort du pays en exécutant au tournant de l’année les 925 condamnés à mort en attente de leur sort, parmi eux au moins 17 (certains rapports disent 126) femmes.
La peine de mort était déjà l’arme favorite de Sadam Hussein pour contrôler l’opposition et terroriser les populations irakiennes. Après la chute du régime, elle avait été suspendue par l’autorité provisoire de la Coalition et la constitution n’y faisait pas référence.
Mais, dès le 8 août 2004, le Gouvernement intérimaire irakien, dirigé par Iyad Allawi, rétablissait la peine de mort. Depuis cette date on dénombre pas moins de 1000 exécutions, dont celle de Saddam Hussein en 2006.
En 2009, le nombre des exécutions a atteint le nombre de 122. Le gouvernement souhaiterait maintenant passer à la vitesse supérieure et exécuter près d’un millier de condamnés à mort. Ce projet a été reporté après les fêtes de l’Aïd el Kébir, mais devrait être mis en œuvre très prochainement, notamment en prévision des prochaines élections irakiennes prévues pour mars prochain.

L’Irak se placerait en deuxième position sur la liste noire de la peine de mort

Ce programme se met en place dans le plus grand secret pour ne pas attirer l’attention du monde entier. S’il se réalise, L’Irak figurerait, en deuxième position, derrière la Chine, sur la liste noire des pays qui procèdent à des exécutions judiciaires, loin devant l’Iran ou les Etats-Unis. Les fragilités politiques de l’Irak ne sont pas des excuses aux manquements aux droits de l’homme, et encore moins à la programmation d’exécutions massives et secrètes dans les prisons.
Aujourd’hui, 139 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. L’Irak fait partie des 25 pays au monde qui exécutent à grande échelle sur les 58 pays rétentionnistes. Comme la grande majorité des pays du Moyen Orient, l’Irak a voté contre la résolution des Nations unies pour un moratoire sur l’application de la peine de mort en 2007 et 2008 et a signé la Note de dissociation initiée par Singapour en 2008 et 2009.
La peine de mort reste un acte barbare et inhumain, de vengeance primaire qui permet surtout aux pouvoirs en place de satisfaire une rue effrayée.
Nous, membres de la Coalition mondiale contre la peine de mort, exhortons le gouvernement irakien de renoncer à ce projet insensé ;
Nous demandons à la communauté internationale de tout faire pour éviter ce massacre programmé.
Nous demandons au gouvernement américain de faire pression sur le gouvernement irakien. Nous demandons aux pays membres de la coalition militaire encore présents en Irak, dont plusieurs sont ouvertement contre la peine de mort, de faire pression sur le gouvernement irakien pour éviter ce massacre. Nous prions également instamment Madame Catherine Ashton, Haut Représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, de faire pression sur le gouvernement irakien pour que la folie meurtrière cesse.
Et nous appelons les opinions publiques du monde entier, qui devraient être correctement informées de ce qui est en train de se tramer dans les prisons irakiennes, à se mobiliser avec nous contre cette violence d’Etat totalement contraire aux principes élémentaires de la justice. Ainsi, le Congrès mondial contre la peine de mort organisé à Genève du 24 au 26 février prochain sera l’occasion de fédérer les abolitionnistes de ce pays et de porter les voix de l’abolition dans toute la région.

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