Offensive diplomatique européenne contre la peine de mort

Abolition

le 10 octobre 2008

L’Union Européenne (27 Etats) et le Conseil de l’Europe (47 Etats) ont signé le 10 octobre une déclaration commune qui confirme l’engagement des institutions européennes à continuer à travailler pour l’abolition universelle de la peine capitale.
Les présidents du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, côté UE, ainsi que le président de l’Assemblée parlementaire, le président du Comité des Ministres et le secrétaire général du Conseil de l’Europe ont participé à la cérémonie.
Le Commissaire européen à la justice, la liberté et la sécurité Jacques Barrot (photographié ici à droite, avec le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering) a affirmé: "L’Europe a créé un espace où la peine de mort n’existe de facto plus, qui s’étend de l’Islande à l’ouest à Vladivostok à l’est et de la Norvège au nord jusqu’au sud-ouest de la Turquie – ceci est l’une de plus importantes réalisations de l’Europe." Il a souligné la nécessité de continuer les efforts, ajoutant : "C’est pourquoi la Commission travaille côté à côté avec les organisations non gouvernementales qui sont actives dans ce domaine et soutient les actions abolitionnistes".
Terry Davis, secrétaire général du Conseil de l’Europe, a remarqué que tous les membres de l’organisation ont aboli la peine de mort, à l’exception de la Russie qui a mis en place un moratoire. Il a ajouté : "Deux de nos Etats observateurs – le Canada et le Mexique – ont aussi aboli la peine de mort. Les deux autres – le Japon et les Etats-Unis – continuent à exécuter des gens. La Journée européenne conter la peine de mort est une occasion de leur rappeler qu’ils sont déconnectés du reste du monde démocratique et civilisé."

"Un défi" lancé au Liban

Au Liban, le chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Laurent, a publié une tribune dans plusieurs journaux, dont le quotidien francophone L’Orient-Le Jour. Il y explique que l’Union européenne est "premier bailleur de fonds" dans la lutte contre la peine de mort.
Il salue le moratoire sur les exécutions mis en place au Liban, tout en regrettant que des condamnations à mort y aient encore été prononcées en 2008.
"La peine de mort est abolie progressivement par un nombre croissant d’États, y compris tout récemment par l’Albanie, le Rwanda, l’Ouzbékistan, l’État américain du New Jersey et l’Argentine. Nous espérons que le Liban les rejoindra prochainement en substituant à son moratoire une révocation permanente de la peine de mort, avec le soutien du peuple libanais," conclut-il.
Le jour-même, le ministre libanais de la Justice Ibrahim Najjar a annoncé qu’il présenterait un projet de loi supprimant la peine de mort du droit pénal national au Parlement "dès que possible".
En Ouganda, l’ambassadeur de l’UE Vicent De Vischer a également encouragé les autorités à abolir la peine de mort. Il participait au lancement du livre Abolition de la peine de mort organisé par l’organisation ougandaise FHRI, membre de la Coalition mondiale.

Appel dans Le Monde

En France, Hélène Flautre, présidente de la sous-commission droits de l’homme du Parlement européen, a cosigné avec d’autres élus et militants le texte de Christian Charrière-Bournazel, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, intitulé "Appel commun pour M. Troy Davis et tous les autres…" et publié dans Le Monde.
Le texte dénonce avec l’exemple de Troy Davis, condamné à mort aux Etats-Unis, le caractère insupportable de la peine de mort face à la possibilité de l’erreur judiciaire. On peut y lire : "C’est l’honneur d’un grand pays que d’accepter l’idée que l’on a pu se tromper. C’est aussi son honneur de faire en sorte qu’aucun innocent ne soit injustement puni."
En France toujours, la Secrétaire d’Etat aux drotis de l’Homme Rama Yade a salué la tendance mondiale vers l’abolition, soulignant que quatre pays ont supprimé la peine de mort depuis le 10 octobre dernier. "La France est déterminée à rendre ce processus irréversible", a-t-elle ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères de Malte, Tonio Borg, a souligné que les Journées mondiale et européenne contre la peine de mort tombaient peu avant le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. "Cet anniversaire devrait nous pousser à faire tout ce que nous pouvons pour parvenir à l’abolition universelle de la peine capitale", a-t-il déclaré.

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