Les diplomates européens coordonnent leurs efforts contre la peine de mort avec les militants américains

Plaidoyer

le 18 décembre 2008

Le 19 novembre, des hauts responsables d’une vingtaine de missions diplomatiques européennes aux Etats-Unis ont rencontré les représentants des principales organisations abolitionnistes du pays ainsi que des avocats pénalistes à l’ambassade de France à Washington.
Le premier conseiller de l’ambassade de France, Laurent Delahousse, a organisé la rencontre au nom de la présidence française de l’Union européenne pour permettre aux artisans de la lutte contre la peine de mort aux Etats-Unis de dialoguer avec les pays de l’UE sur les meilleurs moyens de soutenir les efforts visant à l’abolition dans le pays.
« Ils nous ont donné des conseils et des recommandations que nous remontons à Paris et à l’UE », explique Laurent Delahousse. « Ces organisations nous ont dit que nous ne devons pas nous placer sur le terrain moral aux Etats-Unis. Nous savons que nous n’avons aucun droit à dire que ce que font les Etats-Unis est mal. En revanche, nous sommes fondés à intervenir dans le champ du droit international. »
La diplomatie européenne organise régulièrement de telles rencontres aux Etats-Unis et chacun des pays qui occupe pour six mois la présidence tournante de l’UE maintient des contacts discrets avec les principales organisations abolitionnistes locales.
Cette fois, l’ambassade de France a invité de nouvelles organisations comme Murder Victim’s Families for Human Rights, membre de la Coalition mondiale. Renny Cushing, son directeur, a participé à la rencontre aux côtés d’Elizabeth Zitrin, qui représente Death Penalty Focus au comité de pilotage de la Coalition mondiale.

Des lettres aux gouverneurs et aux bureaux de probation

Elizabeth Zitrin a présenté aux participants les projets de la Coalition mondiale, centrés sur l’éducation en 2009 et sur les Etats-Unis en 2010. « J’ai dit que nos partenaire de l’UE sont nos ponts pour établir des discussions entre pairs avec des familles de victimes, des policiers, des avocats, des juges, des médecins et des militants, ainsi que des dirigeants d’entreprises », rapporte-t-elle.
Richard Dieter (Death Penalty Information Center), Sue Gunawarenda-Vaughn (Amnesty International USA), Carol Chodroff (Human Rights Watch), Virginia Sloan (The Constitution Project) et le célèbre acteur-militant Mike Farrell, président de Death Penalty Focus, ont participé à la réunion.
La présidence française de l’UE a écrit à plusieurs reprises à des gouverneurs d’Etats américains et à des bureaux de probation pour encourager la commutation de condamnations ou d’autres décisions permettant d’écarter le risque d’exécution imminente d’un condamné. Les diplomates européens ont exprimé leur souhait de collaborer avec les ONG américaines pour améliorer l’impact de ce travail.
Ainsi, la présidence française de l’UE a mené une activité intense en faveur du condamné à mort Troy Davis, insistant sur le risque d’exécution d’un innocent. « L’action internationale a beaucoup aidé ses avocats et sa famille », affirme Laurent Delahousse. « Nous avons écrit au département de la justice, ce que nous ne faisons pas d’habitude. J’aimerais croire que notre intervention au niveau fédéral a aidé. »
Les représentants des quatre prochaines présidences de l’UE ont participé à la rencontre et ont confirmé qu’ils continueraient à coopérer avec les ONG américaines, notamment en formalisant l’organisation d’une conférence annuelle sur la peine de mort.

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