République démocratique du Congo : les abolitionnistes forment des journalistes à la thématique de la peine de mort

Afrique

Publié par Thalia Gerzso, le 25 septembre 2017

Au cours de l’été 2017, le Réseau des associations de défense des droits de l’homme et militants abolitionnistes de la peine de mort en République Démocratique du Congo (RADHOMA) a organisé plusieurs journées de formation à destination de journalistes locaux.  Pendant plus de deux mois, huit journalistes ont suivi des ateliers de sensibilisation à la thématique de la peine de mort afin de mieux informer la population et favoriser le débat public sur l’abolition.

Une formation pour favoriser le débat sur l’abolition

Au cours des dernières années, le débat public sur l’abolition de la peine de mort en République démocratique du Congo semblait être au point mort.  Fort de ce constat, le RADHOMA a décidé de remédier à la situation en sensibilisant les médias. Le RADHOMA a alors identifié 8 journalistes favorables à l’abolition de la peine de mort mais avec des profils différents pour leur proposer une formation sur plusieurs semaines. 

Lors de ces ateliers de formation, les questions essentielles ont été abordées. M. Baudouin Kipaka Basilimu, secrétaire exécutif du réseau, et M. François Mukandila, coordinateur du réseau des journalistes ont tout d’abord défini les termes clefs liés à la peine de mort pour mieux expliquer les arguments contre la peine de mort ainsi que le processus pour obtenir l’abolition et le rôle des journalistes dans la lutte contre la peine de mort. A travers de nombreux échanges constructifs, les 8 journalistes ont pu comprendre l’intérêt du combat pour l’abolition contre la peine de mort. Après 4 séances, même les journalistes les plus réfractaires se sont laissés convaincre par les arguments du RADHOMA.

Une formation utile pour la Journée mondiale 2017 mais pas seulement

Grâce à ces ateliers de formation, les membres du RADHOMA ont pu placer le débat sur l’abolition de la peine de mort au centre des discussions de la société civile. Lors de la 15ème Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre 2017, les membres du réseau seront les invités de diverses émissions de radio et de télévision dans la ville de Kinshasa et au Sud-Kivu. La discussion se focalisera essentiellement sur le thème de cette année, pauvreté et peine de mort, mais aussi sur les conditions de détention des prisonniers condamnés à mort avec la parution d’un rapport élaboré par les bénévoles du réseau.

 Les bénéfices de cette formation s’étendent toutefois au-delà de la Journée mondiale. En sensibilisant le « 4ème pouvoir », les abolitionnistes souhaitent renouer le débat au sein de la société congolaise. Même si la République Démocratique du Congo est un pays abolitionniste de fait, les autorités ont toujours refusé d’abolir complètement la peine de mort au motif de la ferveur populaire pour ce châtiment.  « Cet argument ne se fonde sur aucune preuve matérielle » selon Baudoin Kipaka Basilimu. La formation des journalistes a donc pour but de remédier à cela. En effet, après avoir sensibilisé la population à la question de la peine de mort, les journalistes seront en mesure de sonder l’opinion publique.

La formation des journalistes est une première étape pour le RADHOMA. Dans les mois à venir, le réseau répétera l’opération en organisant d’autres formations à destination des journalistes, mais pas seulement. Le réseau souhaite former et dialoguer avec d’autres membres de la société congolaise afin de favoriser les négociations en vue d’obtenir l’abolition. Des ateliers avec des magistrats ou des militaires sont en cours d’élaboration. Ils viseront à mettre en lumière les incohérences du système pénal congolais où les magistrats se sentent forcés de prononcer la peine de mort. Fort de ces projets, le RADHOMA reste plus que jamais déterminé à obtenir l’abolition de la peine de mort aussi bien en fait qu’en droit.

 

 

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