Le Belarus fait marche arrière sur le chemin de l’abolition

Déclaration

le 2 avril 2010

Le condamné américain a appris la nouvelle moins d’une heure avant le moment prévu pour son exécution. De Huntsville à Paris, les militants demandent l’examen de nouvelles preuves. Le 22 mars 2010, l’organisation membre de la Coalition Mondiale Amnesty International révélait que deux hommes, Andrey Zhuk et Vasil Yzepchuk, avaient récemment été exécutés à Minsk, la capitale biélorusse.
À cause de la politique d’opacité pratiquée par le Belarus au sujet des exécutions, cette information n’a été connue que lorsque la mère de Zhuk a échoué à le contacter, avant de finalement apprendre que son fils avait été tué.
Le 23 mars, Ales Bialiatski, vice-président de la FIDH et président du Centre des droits de l’homme biélorusse Viasna, a été arrêté et condamné à payer une amende avec trois autres militants des droits humains alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre les exécutions à Minsk.
Ces deux événements ont suscité de vives critiques de la part des défenseurs des droits de l’homme et des organisations internationales.
Dans une lettre adressée le 24 mars au président biélorusse, Alexander Lukashenko (photo), la Coalition mondiale a invité le Belarus à « commuer les condamnations à mort existantes et à adopter un moratoire sur les exécutions » ainsi qu’à « faire en sorte que le droit de manifester de manière pacifique ne soit pas enfreint de manière arbitraire ».

« Obstacle insurmontable » au dialogue avec l’Europe

Dans une déclaration commune, les organes qui s’occupent du Belarus au sein de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et de l’assemblée parlementaire de OSCE ont écrit : « Les autorités du Bélarus ont effectué ces exécutions ignorant tous les appels à la clémence et sachant que la peine capitale représente un obstacle insurmontable à la poursuite du dialogue politique avec l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et le Parlement européen ».
Ces exécutions sont aussi un affront au Comité de droits de l’homme des Nations unies qui avait spécifiquement demandé au Belarus de ne pas exécuter les deux hommes jusqu’à ce qu’il ait pu déterminer s’ils avaient bénéficié d’un procès équitable.
Dans sa lettre au Président Lukashenko, la Coalition mondiale regrette que le Belarus ait levé le moratoire sur les exécutions qu’il avait observé en 2009. Elle a aussi exprimé sa surprise car les exécutions contredisent les récentes déclarations des biélorusses. La lettre indique : « Lors du quatrième congrès mondial contre la peine de mort, nous avons été heureux d’accueillir les représentants du Belarus, de prendre connaissance du document intitulé "L’approche pas à pas du Belarus vers l’abolition de la peine de mort" et d’en discuter avec eux. »
Avec l’aide du Comité Helsinki biélorusse, l’organisation membre de la Coalition mondiale au Belarus, la lettre a été rendue publique dans tout le pays.
Son président Aleh Hulak a décrit la cruauté des procédures d’exécution biélorusses envers les familles des condamnés : « Premièrement, la famille n’apprend l’exécution de son proche qu’à posteriori, comme cela a été le cas pour Andrey Zhuk. La mère a appris la mort de son fils en essayant de lui faire passer un colis qui lui a été retourné. En second lieu, la famille ne reçoit la notification officielle de l’exécution qu’un mois plus tard, ce qui entretient jusqu’au dernier moment l’espoir que le condamné y ait échappé. Troisièmement, comme on ne leur restitue pas le corps du défunt ni ses affaires, la famille ne peut pas l’enterrer conformément aux rituels établis. Les parents ne savent même pas où se trouve le lieu de sépulture. »

Télécharger la lettre de la Coalition mondiale au Président Lukashenko:
– en anglais
– en russe
Visiter le site du Comité Helsinkibiélorusse (anglais/biélorusse/russe)

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