Selon la société civile taïwanaise, le débat sur l’abolition de la peine de mort dans ce pays pourrait se voir relancé sous la présidence de Tsai Ing-wen

Publié par Marion Gauer, le 31 mars 2016

Un contexte politique plus favorable à l’abolition la peine de mort ?

« Tandis que la peine de mort demeure relativement populaire à Taïwan, Lin Hsin-yi, la directrice exécutive de l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEPD), fait remarquer qu’aucun des parlementaires du KMT (Kuomintang), qui avaient attaqué le DPP (Democratic People’s Party -parti de l’actuelle présidente de Taïwan) sur l’abolition de la peine de mort, n’a été réélu. Selon elle, ",Ce Congrès est bien plus ouvert à/sensible à la question des droits de l’Homme’. Qu’est-ce que cela signifiera concrètement pour la peine de mort à Taïwan ? ». (…)
« L’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEPD) observe que ‘toutes les exécutions depuis 2010, année où le moratoire de 4 ans a été suspendu, ont eu lieu lorsque le taux de popularité du gouvernement était faible’ ». (…)

Une nouvelle présidente taïwanaise soumise à des pressions conflictuelles quant à la peine de mort

« Alors que les défenseurs de l’abolition de la peine de mort ont trouvé que Tsai Ing-wen n’avait pas été assez explicite dans sa posture, les parlementaires du KMT l’ont critiquée pour son soutien à l’abolition. Parmi eux, se trouve Alex Tsai, qui a été prolixe sur les sujets favorables à la peine de mort durant sa campagne, mais n’a finalement pas été réélu. L’échec des parlementaires en faveur de la peine de mort semble indiquer un possible affaiblissement de l’engouement des électeurs vis-à-vis du maintien de la peine de mort. Cela constitue une ouverture des plus favorables pour le retour à un moratoire et s’inscrit dans le chemin vers l’abolition, sans sacrifier la cote de popularité du DPP ». (…)
« Tsai Ing-wen va probablement devoir faire face à des pressions contradictoires en s’engageant dans cette voie, indique Lin Hsin-yi du TAEPD. La nouvelle présidente devra certainement gérer la pression publique la poussant à procéder à des exécutions, venant de ceux en faveur du maintien de la peine de mort ».

Une société civile taïwanaise qui pousse la présidente Tsai vers l’instauration d’un moratoire

« Jusqu’à ce qu’une enquête plus complète sur l’usage et le potentiel abus politique de la peine de mort ait eu lieu, la société civile taïwanaise considère que Tsai devrait annoncer un moratoire immédiat. Elle devrait promettre la mise en place plus précise du Pacte international sur les droits civils et politiques et encourager le Yuan législatif (Parlement) à établir une Commission nationale des droits de l’Homme en accord avec les Principes de Paris. Bien que le Yuan (Cour exécutive) ait accordé une Requête sur la liberté de l’information, portée par le TAEPD en août dernier, exigeant que le Ministre de la Justice révèle les rouages du processus de décision amenant à signer des ordres d’éxécutions, le système demeure très peu transparent. La façon dont Tsai traitera ces questions avant et après son inauguration en mai comptera énormément ».

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