L’abolition vue par la police et la justice

le 28 février 2010

Nous sommes dans le New Jersey, état voisin de New York. James Abbott est chef des forces de police. « J’ai dédié ma vie à la sécurité des habitants, je suis responsable de la punition des criminels, et conscient que nous – policiers – risquons nos vies pour cela. » Il l’admet sans sourciller, il a longtemps soutenu la peine de mort, et ne pensait jamais changer d’avis.
« Je suis pour la peine de mort en théorie, mais en pratique cela fait trop de mal, donc je suis devenu abolitionniste. ».
Ses fonctions l’ont conduit à participer à la commission d’étude du New Jersey sur la peine de mort. Il est toujours partisan des politiques dures, en faveur des victimes et sans complaisance pour les meurtriers, mais « en 6 mois d’études et de consultations, j’ai changé d’avis sur la peine de mort».
Son argument : la souffrance des familles de victimes. Elles veulent faire leur deuil, et non attendre des années les différents appels, puis l’éventuelle exécution du responsable, qui en outre focalise l’attention des médias.
« Il y a tellement de souffrances pendant cette période, raconte-t-il, que les familles nous ont demandé d’arrêter ce processus ». On parle du New Jersey, mais dans tout Etat rétentioniste, même au Texas, la peine de mort prend des années et coûte des millions de dollars. En Californie, cela coûte 137 millions de dollars par an, précise John Van de Kamp, le procureur du District de Los Angeles et ancien procureur général de Californie.
En économisant ces frais, le policier et le procureur proposent de mettre en place une aide psychologique et financière pour les familles, mais aussi plus de moyens pour les investigations notamment des analyses ADN.
James Abbott conclut, « la vie en prison sans possibilité d’en sortir, c‘est la meilleure alternative ».

Pierre Akele a plusieurs fois prononcé la peine de mort en tant que juge. Il est président de la Haute Cour militaire de la République Démocratique du Congo.

Il explique : « La plupart de ceux qui sont en faveur de la peine de mort n’ont jamais expérimenté la peine de mort, comme j’ai pu le faire. Il y a une dynamique du procès, une dynamique de l’enquête qui vous y conduit inexorablement. Ce n’est que plus tard que l’on se rend compte de son erreur, et là c’est un drame. Un drame que je porte encore aujourd’hui. »

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