« La peine de mort pour drogue doit disparaitre, elle n’a pas sa place dans une société civilisée »

Asie

Publié par Aurélie Plaçais, le 21 octobre 2015

La conférence, appelant au leadership, a été organisée sous le haut patronage du Ministère de la Santé de Malaisie du 18 au 21 octobre 2015. Bien que l’accent ait été mis sur la réduction des risques pour les personnes qui utilisent des drogues, une attention particulière a également été accordée au préjudice causé par les politiques et les lois anti-drogue, dont la peine de mort.

Mettre fin à la peine de mort pour drogue en Inde, Chine, Malaisie et Indonésie

L’une des premières sessions a été consacrée aux avocats pénalistes et aux défenseurs des droits de l’homme en Asie qui ont participé au rapport de Harm Reduction International : Death Penalty for Drug Offenses, Global Overview 2015.

Tripti Tandon, avocate au sein du Collectif des avocats en Inde a expliqué comment ils ont contesté la constitutionnalité de la peine de mort obligatoire en Inde et a souligné que même si quelques accusés sont condamnés à mort pour des crimes de drogue en Inde, personne n’a jamais été exécuté pour ces crimes.

Dr Yingxi Bi, du Centre international sur les droits de l’homme et les politiques en matière de drogues à l’Université d’Essex au Royaume-Uni, a parlé des réformes récentes en Chine et a expliqué comment le nombre de crimes passibles de la peine de mort a diminué de plus de 70 infractions avant 1997 à 46 aujourd’hui.

Shamini Darshni, directrice exécutive d’Amnesty International Malaisie, a insisté sur le fait que le nombre de personnes exécutées en Malaisie est pas communiqué par les autorités ou les médias. Elle a également souligné le cas de Shahrul Izani Suparman, pour qui une pétition a été lancée pour la Journée mondiale contre la peine de mort cette année. Shahrul a été condamné à mort automatiquement à l’âge de 19 ans pour avoir transporté de la drogue dans la moto qu’il venait d’emprunter à un ami. Il a toujours affirmé qu’il ne savait pas que les drogues étaient cachées dans la moto.

Ricky Gunawan, directeur de l’Institut d’aide juridique communautaire (LBH Masyarakat) en Indonésie a apporté une contribution très puissante et émotionnelle au panel en parlant de son client, Rodrigo Gularte, un citoyen brésilien qui a été exécuté en avril 2015.
« Je l’ai rencontré la veille de son exécution et il m’a dit : ‘je vais mourir? Mais pourquoi ?’ Plus tard, il a ajouté : ‘ne t’inquiètes pas, j’ai entendu des voix et ils vont abolir la peine de mort et je ne serait pas exécuté.’ Et quand j’ai voulu lui acheter une boisson, il m’a dit : ‘Non, ne boit pas ça, ici tout est du poison !’ Comment ont-ils pu exécuter Rodrigo ? Le problème c’est qu’en Indonésie, on ne peut pas condamner à mort quelqu’un qui présente des problèmes mentaux, mais on peut l’exécuter. »

L’abolition de la peine de mort fait parti des recommandations pour l’UNGASS sur les drogues

De nombreux orateurs ont souligné que les lois contre la drogue ont été un échec total alors que « réduction des risques liés aux drogues a permis de réduire les crimes » comme l’a précisé le Dr Sha’ari Ngadiman, ministre malaisien de la Santé.
Dans le cadre de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur les drogues en avril 2016, la société civile s’est mise d’accord pour avancer quelques recommandations communes fondées sur ces conclusions, et l’abolition de la peine de mort est l’une d’entre elles.

Le Groupe de travail de la société civile agit comme la voix de la société civile et a mené de larges consultations dans le monde entier. Il est composé de deux représentants par région pour neuf régions, en plus des représentants thématiques. Ensemble, ils ont mis en évidence sept recommandations clés: mettre fin à la peine de mort, promouvoir les droits de l’homme, réduire les dommages sanitaires, dépénaliser la consommation de drogue, garantir l’accès universel aux médicaments contrôlés, développement durable et l’innovation politique.

Une nouvelle campagne intitulée Stop the harm a été lancé lors de la conférence. Elle vise à aider les personnes et les organisations à s’impliquer dans le processus menant à l’UNGASS. Voici quelques exemples d’action pour les organisations de la société civile lors des préparatifs d’UNGASS :
• Inscrivez-vous sur Stop the harm pour ajouter votre contribution
• Rejoignez l‘International Drug Policy Consortium pour recevoir des mises à jour régulières
•    Rejoignez le Comité des ONG de New York sur la Drogue et/ou le Comité des ONG de Vienne sur la drogue (VNGOC) car il est très probable que ces comité deviennent les mécanismes officiels de la société civile pour participer aux débats de l’UNGASS.
•    Eduquez l’opinion publique sur la structure internationale des politiques en matière de drogues, le processus de prise de décisions et les options de réforme.
•    Faites pression sur votre gouvernement pour promouvoir des politiques des drogues progressives lors des débats internationaux.
•    Envoyez une soumission de la part de votre ONG à l’ONUDC, qui sera postée sur la page dédiée à la société civile sur le site internet de l’UNGASS.

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