Actes du 3e Congrès mondial : 400 pages pour une stratégie

Congrès mondial

le 22 avril 2008

Les abolitionnistes avaient rendez-vous à l’ambassade de Suisse à Paris le 15 avril, à l’invitation de l’ambassadeur Ulrich Lehner (photo), pour consulter en avant-première les actes du Troisième congrès mondial contre la peine de mort.
Le volume de 400 pages présente, en français et en anglais, une synthèse des débats, table rondes et séances plénières du congrès. L’événement avait alors rassemblé "des centaines d’opposants à la peine de mort : des avocats, des juristes, des politiques, des ONG, des militants, des citoyens", a rappelé Shirley Pouget, rédactrice en chef de l’ouvrage.
Deux chapitres géographiques sont consacrés au monde arabe et à la Chine, mis en avant lors des débats. Suivent trois parties thématiques sur les rapports entre droit international et droit pénal national, les stratégies à mettre en œuvre pour l’abolition et la mise en réseau des abolitionnistes dans des coalitions régionales.
Shirley Pouget décrit ce livre comme "un guide de stratégie abolitionniste, une sorte de plan d’action des trois prochaines années".

Stratégie commune

L’association Ensemble contre la peine de mort a organisé le congrès de Paris et édité les Actes. Sa directrice, Cécile Thimoreau, a souligné l’importance des Congrès mondiaux pour établir une stratégie commune contre la peine de mort dans des pays aussi variés que la Chine, l’Iran ou les Etats-Unis.
Elle a souligné l’impact de cette stratégie et de sa mise en œuvre par la Coalition mondiale. Ainsi, depuis le Troisième congrès, l’Assemblée générale de l’Onu a adopté une résolution historique appelant à un moratoire sur la peine de mort.

La Suisse et la France
contre la peine de mort
Faisant référence au mouvement de protestation lancé par 58 Etats membres contre cette résolution, Rudolf Knoblauch, ambassadeur suisse pour les questions de politique des droits humains, a d’ailleurs déclaré : "Mon pays, et moi personnellement, trouvons honteux qu’il y ait des pays qui œuvrent dans ce sens." Il a annoncé la tenue du prochain congrès mondial contre la peine de mort à Genève en 2010, à l’invitation du gouvernement suisse.
Florence Bellivier, secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des droits de l’Homme, représentait la Coalition mondiale lors de la publication des Actes.. Dans le prolongement des Congrès mondiaux, elle a expliqué que la Coalition est là pour "mettre en réseau" les abolitionnistes du monde entier. "Elle a vocation à être un lieu d’échanges d’arguments, a-t-elle ajouté. La Coalition vise à soutenir, appuyer, relayer les acteurs locaux et les coalitions régionales. Elle est plus que la somme de ses membres. La peine de mort est une question qui doit être mise sur le plan international, mais elle n’émanera que d’acteurs locaux et régionaux."

Prise de conscience sur la Chine

Cécile Thimoreau"Les échanges et les débats au cours du congrès ont mené à une prise de conscience de la réalité de la peine de mort en Chine à quelques mois des Jeux olympiques", a également rappelé Cécile Thimoreau, avant de citer l’inscription de l’abolition dans la constitution de la France et l’instauration du 10 octobre comme journée européenne contre la peine de mort.
Pascal Clément, ancien ministre de la Justice français à l’origine de la constitutionnalisation de l’abolition, a évoqué son cheminement personnel: autrefois partisan de la peine capitale, il est aujourd’hui convaincu de son caractère barbare et inutile.
"La vie humaine a un caractère inviolable et sacré, a-t-il affirmé. Ce point n’est pas négociable. Chaque femme, chaque homme ne peut être réduit aux atrocités qu’il a pu commettre. Il a avant tout une part d’humanité que nous devons protéger, entretenir, parfois sauver. La prison à vie, même si elle est réduite à une peine de sûreté, est une épreuve terrible pour les condamnés et suffit à faire craindre la justice aux criminels."
Les personnes présentes lors de la publication des actes ont pu toucher du doigt l’enfer vécu par les condamnés à mort en écoutant Ashraf El-Hajouj, médecin bulgare d’origine palestinienne resté pendant 8 ans dans le couloir de la mort libyen. Regardez son témoignage ci-dessous.

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